Il s’agit d’un très beau texte aux résonances poétiques qui parle à la première personne de l’expérience d’un pratiquant de Taiji Quan ayant atteint un haut niveau de réalisation. Les évocations relèvent à la fois de la poésie 西 山 懸 磬 xī shān xuán qìng : « Écho suspendu des Monts de l’Ouest » et de la spiritualité 忘 物 自 然 wàng wù zì rán : « Libre et détaché ».
Ce neuvième texte ressortit nettement à la littérature de l’alchimie interne (neigong), et a vraisemblablement été ajouté par Me Wang Yen Nien pour ponctuer de manière remarquable la séquence des huit textes didactiques précédents.
Sans forme ni apparence
(Dans un oubli total)
Mon corps est vacuité
(Interne et externe indistincts)
Libre et détaché
(Au gré de l’instant)
Echo suspendu des Monts de l’Ouest
(Immensité océane, infini du firmament)
Le tigre rugit, le singe crie
(Affinant mon essence séminale)
Limpide est la source, calme est l’eau
(Le cœur au repos, l’esprit vif)
Le fleuve se renverse, la mer s’agite
(L’énergie originelle afflue)
Déployant ma nature profonde, cultivant ma force vitale
(L’esprit posé, le souffle abondant)